Performance de presse : l’occupation du Centre Dramatique National de Montpellier
« Nous occuperons tant que nous n’aurons pas obtenu satisfaction »
Après le Centre Chorégraphique National de Montpellier et dans la continuité du mouvement national d’occupation Ici on occupe, le Centre Dramatique National de Montpellier est occupé depuis le lundi 22 mars 2021. Après une semaine d’occupation, les occupant.e.s du théâtre des 13 vents ont mis en scène une conférence de presse devant le CDN occupé.
- Lecture du communiqué 5:45
« Culture Debout. Agir plutôt que subir »
Banderoles, fumigènes, bande dessinée sur l’assurance chômage et mise en scène d’un spectateur mort dans l’entrée fermée au public ont accompagné la lecture du communiqué par trois des occupant.e.s.
« Vous promettiez de ne pas nous laisser »sur le bord de la route ». Nous y sommes »
Le communiqué prend pour cible le gouvernement et sa gestion de la crise sanitaire. Les occupant.e.s parlent d’un virus à deux vitesses et dénoncent le paradoxe de se retrouver « dans la foule aux caisses des supermarchés, dans les allées des centres commerciaux ou dans les halls de gare, mais face au vide des gradins des théâtres ou des amphithéâtres des facultés ». Les lectrices dénoncent avec agacement devoir « supporter le bruit des députés face au corps nu de Corinne Masiero, les commentaires de la Ministre de la Culture et accepter le silence interminable du gouvernement lorsqu’il s’agit de répondre clairement à nos revendications. ».
« Le spectaculaire, nous préférons nous en charger nous-mêmes. La tragédie que vous nous écrivez, qu’on la laisse se jouer dans nos pièces, nos tableaux… Nous ne voulons plus y assister dés-oeuvré.e.s. »
Les lectrices se refusent à « contempler l’effondrement du service public et des conquis sociaux pour lesquels nos aînés et nous-même nous battons et qui dessinent les principes d’une république forte et solidaire. » Elles parlent de la situation préoccupante des étudiant.e.s dont la formation a été écourtée, qui n’ont plus accès à l’emploi qui finançait leur études. « Pour beaucoup, nous courons après des heures qui n’existent plus. C’est le désert à l’embauche. L’embouteillage. » Elles énoncent que la seule réouverture des lieux culturels ne suffira pas et réclament dix mesures d’urgence en appelant à « la considération réelle et effective » de ces revendications. Les occupant.e.s affirment en fin de communiqué leur association avec « les luttes environnementales, anti-patriarcales, anti-discriminatoires, contre tous les systèmes d’oppression » et appellent « à la rencontre de ces luttes avec la conviction de la nécessité de leur convergence. »
« Inventer un fonctionnement collectif, agir contre la désespérance globale »
Les occupant.e.s se définissent comme des « jeunes, étudiant.e.s, jeunes diplômé.e.s, précaires et jeunes intermittent.e.s. ». Le communiqué, lu et publié une semaine après le début de l’occupation, évoque la volonté d’une réflexion construite dans le temps long et met en avant la réappropriation des savoirs et l’auto-pédagogie. Une assemblée générale des occupant.e.s est organisée tous les jours à 10h et ielles maintiennent un « dialogue journalier avec tous les lieux occupés notamment le CCN » [Centre Chorégraphique National de Montpellier, occupé depuis le 12 mars 2021, ndlr]. Une conférence aux allures de performance qui s’est clôturée par un micro tendu aux journalistes avec promesse d’une réponse collective dans la journée.