OASIS FESTIVAL : BRAVO. ORGANISATEURS DE FESTIVALS : MERCI.
Si l’art contemporain est de plus en plus représenté à Marrakech, que plus largement de belles initiatives bourgeonnent dans le milieu culturel et que la ville pullule de boites de nuit à paillettes, trouver une soirée où la musique serait plus importante que la hauteur de tes talons relève du parcours du combattant. On attend encore de pousser la porte du bar ou de la salle qui changera notre quotidien. Mais en attendant il y a un formidable métier qui commence à faire son trou et tente d’apporter un nouveau souffle. Organisateurs de festivals, merci. Il paraît que l’Atlas Electronic –malgré une fréquentation loin d’être exceptionnelle– a largement fait le taff, un line up et une installation plus que propre. Malheureusement on l’a loupé. Mais heureusement il y avait l’Oasis, et on y était.
C’était le week-end dernier à l’hôtel The Source. Le spot on le connait bien pour sa piscine (quand est-ce qu’elle redevient gratuite ? ), ses jardins cachés, ses petits chemins étroits façon labyrinthe. Pour chiller l’été c’est le top. Mais forcément la circulation est tout de suite plus compliquée lorsque le public titube. Qu’à cela ne tienne on se lance. On déambule jusqu’à l’un des nombreux espaces de restauration (les frites étaient bonnes), et en bon aventurier on rejoint même le souk éphémère au fin fond du jardin (mais je crois que très peu l’on trouvé), jusqu’à ce que surprise, on tombe sur un barman australien. Et la fois d’après un marocain, puis tiens un hollandais ! Soirée multilingue et super boisson énergisante. On en profite au passage pour féliciter la réactivité des organisateurs qui après un premier soir somme toute compliqué dans la fluidité du service aux bars a renforcé ses effectifs et modifié son dispositif. On ne vous a pas encore parlé notre spot préféré : la tente berbère planté au milieu d’un jardin. Gros poufs, gros tapis, gros coussins, on peut même y faire des siestes (je vous le promets j’ai testé). « Mais alors ça veut dire que la musique n’était vraiment pas forte » me direz-vous. Et bien mesdames et messieurs le son était une merveille. Les deux scènes (l’Arena intimiste retranchée, et une plus grande en face de la piscine) tournaient au Funktion-One. Le célèbre système son anglais si dur à calibrer se mariaient parfaitement à ce line up électronique.
C’était donc une bonne base en terme de dispositif pour passer 3 jours de folies. Maintenant on ne va pas se mentir on y était surtout pour la musique. Et avec une telle programmation il était évident qu’on repartirait un chouya chamboulé. Nos coups de coeurs sont ma foi sans surprise :
• Jennifer Cardini a pris son pied et nous aussi, elle a tout donné. Mais généreuse, il lui en restait encore, du coup elle a rejoué pour remplacer Blawan (on a gagné au change). Toujours propre, toujours efficace.
• Excellente timetable, Motor City Drum (tous) Ensemble à la piscine l’après midi c’était parfait. Il s’amuse de l’éclectisme de son répertoire et tout le monde le suit. En quelques minutes le dancefloor s’emplit et entre nous un peu de disco, de funk, sans pour autant se priver d’un léger trip techno et même d’une phase acid (ok là certains n’ont pas compris) ça reste ce qu’il y a de plus digeste pour danser sous le soleil africain. Le jeune homme ne voulait d’ailleurs plus partir et s’est permis de décaler tout le line up de 20min.
• Les italiens Tale of Us ont mis un peu de temps à démarrer avant de nous emporter, tandis que la scène berlinoise quant à elle était plutôt bien représentée : Objekt puis Steffi ont eu un créneau de début de soirée. Sans pitié ! On a rapidement oublié qu’il était seulement 21h. Deutsche qualitat.
• Et est-ce qu’on a besoin de rappeler que Derrick May c’est le patron ? Est-il vraiment est nécessaire de préciser que oui son set était absolument parfait, propre et sans accrocs ? Ba non.
• Au milieu de toutes ces magnifiques occasions de planer on se permet quand même une question : quelqu’un aura-t-il un jour la bonté de nous expliquer Omar Souleyman ? (Clin d’oeil au programmateur qui ne lui a laissé qu’une demie-heure, même si comme vous le savez ça représente tout de même trente minutes)
• Et enfin : Jeff Mills (closing). A ce moment là on est entré dans une autre dimension. Il était loin, très très loin, quitte à perdre la moitié du public en route. Le papa joue avec nos nerfs et on a l’impression que ça ne part jamais. Pourtant les gars, on est en plein dedans. Un set risqué, avec même quelques cuts loupés mais d’une subtilité incroyable. Cardini bouche bée derrière lui a dû comme nous se dire : c’est de la pure folie.
Donc oui on en a pris quand même plein les tympans, on s’est aussi bien marré avec les agents de sécurité sur-excités (une compagnie de danse le bordel), et puis c’était sympa de parler darija, français et anglais dans la même soirée. Il manquait peut-être aux festivaliers ce petit grain de folie, celui qui normalement aurait permis à ces énormes licornes gonflables de décoller autant que le public. Mais ça reste en somme, une réussite.
Nous sommes le 25 septembre et il faut maintenant patienter 19 longues journées avant de démarrer une nouvelle aventure souiri : Moga Festival, à très vite !
crédits photos Lahcen Mellal
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